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Histoire
Tout a commencé par une volonté !
Celle d’un prêtre, homme de culture et amoureux des belles choses…
Et qui ne faisait rien à moitié.
Le père Léon Auger
 
   Déjà âgé, cet homme venait en 1969 de finir la restauration de son église, de fond en comble : toit, murs, voûte, mobilier en pin massif fabriqué sur place par les meilleurs artisans, ambon, siège de présidence, autel (un bloc de granit), des vitraux du Maître verrier André Bouzendorffer… « Il manque le « couronnement », clamait-il dans son accent inimitable aux « r » roulés, l’orrrgue ! »
Mort trop rapidement, il n’aura rien vu des effets de sa clameur : le fabuleux destin de l’orgue de Commequiers ! Une histoire de passion, d’équipe, d’amitié, de ténacité…
De fous… (On n’arrête pas une folie en marche !)
 
   En 1978, une petite équipe trouve un orgue d’origine mystérieuse, corse dit-on, dans un château de Dordogne, le démonte en un seul jour, le ramène et le remonte (péniblement) en quinze jours… La chorale s’est mobilisée sous l’impulsion de son chef ! Un début de mobilisation…
   Dès 1979, on sent qu’on ne va pas « en rester là »… Le dessin d’une nouvelle charpente est jeté sur la nappe en papier un soir d’été, entre la poire et le fromage. Un graffiti pour un orgue virtuel… Le délire devient réalité : la charpente est fabriquée et montée dans les mois qui suivent dans l’ancienne école communale… par celui-là même, Lucien Ménochet, qui avait conçu le mobilier de l’église. Il faut trouver des sommiers, des tuyaux, concevoir une mécanique, des soufflets, des claviers ! On récupère ici et là toute sorte de rebus d’orgue plus ou moins inserviable et en mobilisant les compétences d’artisans « professionnels-bénévoles », on finit par presque tout fabriquer à neuf :
   -Les claviers (on part de deux, on finira à quatre), marquetés en buis, boubenga, ébène.
   -L’alimentation en vent : réservoirs (bois et peaux) et porte-vent naîtront chez l’un ou l’autre dans le bourg…
   -Mécanique des jeux en fer soudé, conçue et élaborée chez lui par Michel Burgaud, un bricoleur génial par ailleurs fonctionnaire du trésor public… Le métal, c’est lui. Mais aussi les abrégés, les accouplements et tirasse…
   -Vergettes, écrous de cuir, travail de fourmis pour agencer les milliers de pièces de la mécanique des notes (les abrégés, balanciers et équerres) sont l’affaire de Fernand Briaud, secrétaire de mairie, par ailleurs organiste et chef de la chorale.
 
   Pendant un temps, Robert Petigas, un ancien charron, ébéniste, prend le relais de Lucien Ménochet décédé en 1992. Il entreprend le gros œuvre du buffet (pin et chêne). Puis passé le milieu des années 90, un nouveau relais est pris par un autre ébéniste professionnel bénévole, Georges Massonneau, qui mènera à bien jusqu’à la fin tout le travail de façade en chêne massif : corniches, moulures, panneaux, petit buffet, habillage de console et aussi beaucoup d’autres travaux (tirages des jeux du troisième clavier…)
   Des équipes de retraités se forment pour nettoyer, peindre tuyaux et pièces métalliques… Astiquer la façade de tuyaux… Le charcutier à la retraite tourne le bois de cormier pour les pommeaux de registres. Le doyen de la chorale (84 ans) découpe dans le bois (son hobby) les éléments décoratifs du buffet… En tout, environ 35 bénévoles auront travaillé dans l’instrument pendant un quart de siècle…
 
   Pendant ces années, l’auteur de ces lignes élabore la conception générale de l’instrument, dessine les plans généraux (mécanique, alimentation en vent, élément du buffet) et traquent sommiers et tuyaux un peu partout en France. Une histoire trop longue à raconter mais souvent rocambolesque…qui nous permet d’établir dans l’orgue un grand sommier de Cavaillé-Coll et deux, anonymes, du tout début du XIXème siècle.
 
   Au début des années 90, l’école menace ruine et l’orgue est transporté dans un entrepôt municipal, dans l’ancienne gare désaffectée. Là, il échappera par miracle à un début d’incendie et aux deux tempêtes de la fin du siècle qui emporteront le toit sauf au-dessus de l’orgue…
   Tous ces travaux s’étalent de 1979 à 2006
 
   Mais en septembre 2001, l’instrument pénètre dans l’église et ainsi, dans le champ de visibilité des Commequiérois. Les interrogations sur la curieuse entreprise de quelques fous semblent s’apaiser…
Il sonne pour la première fois (quelques jeux épars, sans harmonisation) en mai 2002 jusqu’en septembre 2003. A cette époque, un marché municipal est voté pour l’achèvement de l’instrument (enchapage et harmonisation) par un facteur d’orgues. Le marché est attribué à Jean-Pierre Conan, facteur d’orgues au Mans, qui mènent ces travaux en association avec Thierry Lemercier entre l’automne 2003 et le 25 octobre 2005, date de la réception des travaux par le maire de Commequiers. C’est à cette date qu'est posé l’ange qui orne le soubassement du buffet et qui est l’œuvre de Laurence Bernot, sculpteur et céramiste.
 
   Le 24 septembre 2006, l’orgue est béni par Mgr Michel Santier, évêque de Luçon et inauguré par Jean-Pierre Leguay, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris.
 
   Une nouvelle aventure commence : « Non impedias musicam !* » clame l’ange surgissant du buffet d’orgue, en écho à la clameur du père Auger !
Mais, au fait, cet ange, qui est-il ?
Jean-Michel DIEUAIDE
Août 2006
 
* « N’empêche pas la musique !» Ben Sirac le sage (Chap.32, verset 5), citation inscrite sur le phylactère au sommet de l’orgue.
1 éditions. Dernier : 05/05/2013 | 00:43:51
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